Archives de l’auteur : Michel Klein

L’intime et son secret

le jeudi 16 mars 2017  à 20h au Forum de l’IRTS de Lorraine Le-Ban-Saint-Martin

avec Michel Guérin

Philosophe, Professeur émérite de l’Université Aix-Marseille, membre honoraire de l’Institut universitaire de France.

« L’intime désigne le plus intérieur de l’intérieur. Par rapport à un « dedans », il marque un superlatif, une limite au-delà de laquelle il est impossible d’aller. C’est le propre de ce qui est organique (et non mécanique) que de détenir cette aptitude à séparer la part la plus secrète de soi. C’est d’ailleurs en réservant celle-ci qu’il se recrée à tout instant individu. Il n’y a pas d’individu sans ce quant-à-soi ; il est ontologique avant d’être psychologique.

L’individu est sexe, d’être sexué bien sûr, mais encore et plus radicalement : séparé (sexus, secus, secare ?). Il est l’être qui, pour être inséparable de soi (in-dividu), ne peut pas ne pas être séparé de tout autre. L’épreuve de l’intime – sur fond de pudeur – est l’expérience de ce secret qui, sans doute, ne renferme rien que l’impossibilité de toucher (noli tangere) l’articulation invisible qui lie le Soi à son Individu.

Si la chair se manifeste sur la peau et la pensée par le discours, elles n’en constituent pas moins les deux formes de l’intime, dont le paradoxe est de cacher en pleine lumière, autrement dit de signaler une profondeur d’abysse par la surface même. Ces deux valeurs de l’intime sont-elles irréductibles (nourrissant la vieille dichotomie de la métaphysique) ou au contraire invitent-elles la pensée à rechercher un nœud encore plus intime où elles se joindraient ? »


 

2ème journée Bernard Maris : « Économie libérale et économie libidinale »

le samedi 21 janvier 2017 de 14h à 17h                                                                                                   au FRAC, 1 bis, rue des Trinitaires,  Metz                                                                                                en partenariat avec la librairie « La Cour des Grands »

Suite à notre journée en hommage à Bernard Maris de janvier 2016, Borromée a décidé de proposer chaque année en janvier une journée « psychanalyse vs économie »

Cette année nous invitons René Major* pour son ouvrage récent « Au cœur de l’économie, l’inconscient » (éd Galilée). Il s’entretiendra avec Michel Plon** et Pierre-Noël Giraud*** sur le thème :

« Économie libérale et économie libidinale »

Une économie mondiale hors de ses gonds a plongé une grande partie de l’humanité dans une forme d’esclavage par surendettement des Etats souverains. Le poète et législateur athénien, Solon, voyait déjà dans cette forme d’esclavage pour dette une atteinte fondamentale à la démocratie. Tel l’inconscient, l’économie est structurée comme un langage dont les signifiants traduisent les passions qui l’animent. Si Freud et Lacan, Lyotard et Derrida, sont ici tout particulièrement convoqués, ce n’est pas sans croiser leur pensée avec celle de Marx, Keynes, Bataille, Klossowski, Mauss, Baudrillard, Baudelaire ou Nietzsche. C’est en suivant, de 2008 à 2013, les soubresauts de ce qu’on appelle par euphémisme « la crise économique » que s’est imposée cette mise à jour des forces irrationnelles qui hantent la raison économique, en prenant radicalement en compte les sources pulsionnelles, libidinales, sur lesquelles prennent appui les pouvoirs politiques et financiers pour fabriquer du consentement à une économie de dette, de sacrifice, de cruauté. L’hypothèse privilégiée qui en ressort est celle qui fait reposer l’ultralibéralisme sur un système de croyances – voire sur « un système bancaire fantôme » – qui l’aura conduit à développer en trente ans les symptômes d’une grave maladie auto-immune.

 * Psychanalyste, Directeur de l’Institut de psychanalyse de la Société psychanalytique de Paris                                                                                                                                                                    ** Psychanalyste, Membre du Comité de rédaction de la revue Essaim et du Comité de rédaction du périodique La Quinzaine littéraire                                                                                              *** Économiste, Professeur d’économie au CERNA-école des Mines de Paris

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Biennale Koltès

Borromée participe à la biennale KOLTÈS organisée par l’association QUAI EST du 3 au 19 novembre 2016 :

Samedi 19 Novembre à 14h au FRAC, 1 bis rue des Trinitaires, Metz

« L’ultra violence des lieux chez Koltès: la logique de l’apparition » 

  avec Philippe Choulet (philosophe)

« Les lieux humains sont des lieux de fiction, et une des vocations du théâtre est de les mettre à l’épreuve. S’ils sont les conditions matérielles déterminantes de la logique des personnages, ce sont aussi des forces et des puissances hélas sans cosmos, sans providence. Résultat: la démesure du sujet humain s’autorise de leur nihilisme.

Ce qui est remarquable chez Koltès, c’est de considérer les lieux comme des conditions “vides”, où les rencontres ne sont pas surdéterminées — à l’opposé du théâtre naturaliste —, c’est-à-dire que l’apparition des personnages (donc l’apparition de l’un à l’autre et de l’autre à l’un) est celle du déploiement libre d’une pulsion immédiate, d’une demande, bien avant que d’être l’affirmation stratégique d’un désir. Le lieu chez Koltès est celui du droit naturel de la force, d’une force qui s’exprime dans une parole qui n’écoute guère (et déjà pas soi-même). C’est ce moment pur, archaïque, voire primitif de la rencontre que le lieu koltésien rend possible. »

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Samedi 07 Mars 2015 : « L’Inconscient traducteur »

                                         L’INCONSCIENT TRADUCTEUR

On considère souvent que le travail de la psychanalyse consiste à donner des formations de l’Inconscient (rêve, lapsus,  acte manqué,…) la « bonne » traduction. Ne serait-ce pas plutôt l’Inconscient qui, le plus souvent, nous traduit en « cours de justesse »? Dans le champ psychanalytique, la bonne traduction n’est pas toujours la plus juste…!

« Cherchez l’erreur » (Michel Klein*)

Une erreur va se glisser dans la traduction allemande du souvenir d’enfance de Léonard de Vinci dont Freud va faire la pierre angulaire de son essai. Tout est-il dès lors à jeter?

« Symptôme unheimlich de l’intraduisible : son propre nom » (Susanne Müller**)

Tout peut être l’objet d’une traduction – tout … ou presque tout.                                                         Dernier résistant dans un monde linguistique sans barrières, fait de migrateurs multilingues, son propre nom semble « coller“ à celui qui le porte. Il est ainsi le Heim (chez-soi) le plus stable, tout en abritant, de par son rappel incessant de l’origine inéluctable, une part unheimlich (étrangement inquiétante).

« D’une langue à l’autre dans la pratique de la cure » (Yves Paul*)

Une langue étrangère peut surgir dans l’association libre et la conduire sur un chemin barré à la langue maternelle. Il arrive aussi que quelqu’un choisisse (ou pas…) d’entreprendre une cure analytique dans une autre langue que la « sienne ». Tours, détours et surprises…!

 

 

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*    psychiatre, psychanalyste

** psychologue, docteur en arts