L’INCONSCIENT TRADUCTEUR
On considère souvent que le travail de la psychanalyse consiste à donner des formations de l’Inconscient (rêve, lapsus, acte manqué,…) la « bonne » traduction. Ne serait-ce pas plutôt l’Inconscient qui, le plus souvent, nous traduit en « cours de justesse »? Dans le champ psychanalytique, la bonne traduction n’est pas toujours la plus juste…!
« Cherchez l’erreur » (Michel Klein*)
Une erreur va se glisser dans la traduction allemande du souvenir d’enfance de Léonard de Vinci dont Freud va faire la pierre angulaire de son essai. Tout est-il dès lors à jeter?
« Symptôme unheimlich de l’intraduisible : son propre nom » (Susanne Müller**)
Tout peut être l’objet d’une traduction – tout … ou presque tout. Dernier résistant dans un monde linguistique sans barrières, fait de migrateurs multilingues, son propre nom semble « coller“ à celui qui le porte. Il est ainsi le Heim (chez-soi) le plus stable, tout en abritant, de par son rappel incessant de l’origine inéluctable, une part unheimlich (étrangement inquiétante).
« D’une langue à l’autre dans la pratique de la cure » (Yves Paul*)
Une langue étrangère peut surgir dans l’association libre et la conduire sur un chemin barré à la langue maternelle. Il arrive aussi que quelqu’un choisisse (ou pas…) d’entreprendre une cure analytique dans une autre langue que la « sienne ». Tours, détours et surprises…!
* psychiatre, psychanalyste
** psychologue, docteur en arts