Cette seconde séance a été articulée autour de l’ouvrage : «Le Savoir-Déporté » en hommage à Anne-Lise Stern récemment disparue.
Née à Berlin, le 16 juillet 1921, Anne-Lise Stern est morte à Paris le 6 mai 2013.
Elle fut longtemps psychanalyste pour enfants et travailla en milieu hospitalier auprès de Jenny Aubry. Elle a fréquenté Françoise Dolto. Elle fut analysée par Jacques Lacan. Dans la foulée des évènements de 1968, elle a participé au Laboratoire de psychanalyse à la Bastille à Paris – un lieu où s’expérimenta une nouvelle manière de soigner -, avec entre autres Renaude Gosset et Pierre Alien. Par la suite elle s’occupa de patients toxicomanes au centre Marmotan avec Claude Olievenstein.
Elle occupait une place singulière dans le milieu de la psychanalyse. Unique, même.
« Naître, c’est naître après, disait-elle ». « Pour tout un chacun des générations post-nazies, la petite et la grande histoire se sont nouées dans la poubelle des camps. ».
Anne-Lise Stern avait vingt-deux ans lorsqu’elle fut déportée à Auschwitz-Birkenau au printemps de 1944.
Quand, plus tard, elle est devenue psychanalyste, la confrontation de l’expérience du camp et de sa pratique clinique, de ce qu’elle avait vécu là-bas et de ce qu’elle a entendu ici, dans diverses institutions de soins et sur son divan, l’a conduite à élaborer la notion qui donne son titre à son livre : le savoir-déporté .
Ce « nouage entre le privé et le public » a d’abord été pour elle une réalité, refusant de voir dans la « grande Histoire » racontée par les historiens, ce qu’elle considérait avant tout comme une réalité psychique. La mémoire plutôt que l’histoire, le récit plutôt que la reconstitution des faits.
« Peut-on être psychanalyste en ayant été déporté(e) à Auschwitz ? La réponse est non. Peut-on aujourd’hui être psychanalyste sans cela ? La réponse est encore non », affirmait-elle.
Anne-Lise Stern a construit sa vie sur cette aporie.