Michel GUERIN
20H00 au Forum de L’IRTS, 41 avenue de la Liberté, le Ban-Saint-Martin.
Dans Philosophie du geste (Actes-Sud, 2e édit., 2011), est thématisée l’aptitude du geste à initialiser un champ opératoire ou, plus modestement, une action qu’il démarre ou une ambiance qu’il détermine. En même temps que s’élabore une « gestique transcendantale » en forme de quadrature (faire, donner, écrire, danser), l’analyse fait apparaître que si le geste est embrayeur, émergence d’un schème, celui-ci ne cesse pas d’accompagner l’action continuée. Ainsi, le geste se donne à la fois en tant que commencement et en tant que mémoire du corps. Ensemble inchoatif et mnésique, son « mimisme » (M. Jousse) concilie spontanéité et gestion, initiative et stratégie.
On étudiera cette fois le schématisme qui induit et conserve le geste de prendre soin en tant qu’il développe la sémantique praxéologique du souci (Heidegger) ou de la préoccupation (Péguy) en traversant de nombreux domaines, dont, bien entendu celui de la santé. De l’éducation (la méthode « inactive » prônée par Rousseau) à la cure, en passant par le patrimoine, voire la Terre elle-même, l’action de prendre soin contient un semi oxymore, car il s’agit là d’une prise qui se destitue aussitôt en faveur d’un faire qui n’exalte pas le sujet mais fait en sorte de laisser être ou de rétablir dans son intégrité ou sa dignité ce qui a prix au-delà et indépendamment de lui.